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actes sud - Page 2

  • Le Mur invisible de Marlen Haushofer

    Le Mur invisible

    de

    Marlen Haushofer

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    "Aujourd'hui cinq novembre, je commence mon récit. Je noterai tout aussi exactement que possible. Pourtant je ne sais même pas si aujourd'hui est bien le cinq novembre. Au cours de l'hiver dernier quelques jours m'ont échappé. Je ne pourrais pas dire non plus quel jour de la semaine c'est. Mais je pense que cela n'a pas beaucoup d'importance. Je n'ai à ma disposition que quelques rares indications, car il ne m'était jamais venu à l'esprit d'écrire ce récit et il est à craindre que dans mon souvenir bien des choses ne se présentent autrement que je les ai vécues."

    En période de Guerre froide, notre héroïne est partie avec sa cousine et son mari dans leur chalet à la montagne. Fatiguée le premier soir, elle a préféré ne pas les accompagner lors de leur sortie au village. Le lendemain, à son réveil, elle est bien étonnée de ne pas les trouver. Elle part donc à leur rencontre et se retrouve séparée du reste de la vallée par un mur invisible. Derrière la paroi, tout le monde semble s'être pétrifié. Très vite, elle se découvre seule au monde avec comme unique objectif de survivre et de permettre aux quelques animaux rescapés de continuer leur existence. Labeur, solitude, rigueur, peur rythment ainsi ses journées. Comment réussir à trouver la force de se battre? Comment garder une once d'espoir, celle qui permet de se lever tous les matins et de continuer, malgré l'isolement, le découragement, l'éternel questionnement?

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    Marlen Haushofer

    Miss Léo m'avait gentiment offert ce livre lors d'un Noël entre blogueuses il y a déjà deux ans de cela. Cependant, face à ma PAL gargantuesque, je n'avais pas encore pris le temps de l'ouvrir. Il a fallu ce formidable mouvement initié par Diglee pour que finalement, je me décide.

    Ce livre, je l'ai dévoré au début du mois lors de quelques jours de congé. J'avais l'impression de faire partie du quotidien de cette femme dont le dialogue avait été interrompu. J'avais envie de répondre à son journal de bord, de l'encourager dans ses moments de profonde détresse, de lui dire aussi toute mon admiration pour s'être transformée en cette Robinsonne des temps modernes.

    Ce livre, il retrace le parcours incroyable d'une reconstruction et d'une survie dans un monde détruit.

    Ce livre, c'est un hommage à la nature, dans toute sa sauvagerie, sa générosité, sa violence et sa beauté.

    Ce livre, c'est le récit d'une héroïne au sens fort du terme, capable de relever tous les défis pour nourrir la famille qu'elle s'est constituée, entre son chien, ses chats, sa vache et son taureau.

    Ce livre, c'est justement cette magnifique histoire d'amour entre une femme et ses animaux.

    Ce livre, c'est le passage des saisons et de ce temps qui s'égrène sans avoir le même sens qu'avant.

    Ce livre, c'est un hymne à la vie qu'elle qu'elle soit.

    Ce livre, c'est le bonheur de sentir la lumière du soleil sur son visage.

    Ce livre, c'est de la peur et des battements de cœur accélérés devant l'inconnu capable de briser une routine si chèrement établie.

    Ce livre, c'est une leçon de survie, de courage et de rage, de lutte contre l'ennui et l'abattement.

    Je sais que je me souviendrai longtemps de certaines scènes: les descriptions des paysages sur les alpages, les images derrière le mur, les promenades avec Lynx, les petites victoires face à la nature... Mais également du rythme de cette intrigue: lent, avec une tension toujours larvée derrière les instants apparemment calmes. Et de cette sensation de suffocation à l'idée de cet après sans doute jamais possible.

    Bref, vous l'aurez compris: Le Mur invisible fait partie de ses ouvrages différents, au rythme qui épouse celui des jours à l'infini. Une fois refermé, on a l'impression de laisser tomber une voix amie dont la survie ne dépendait que de notre lecture. Comme si nous étions capable de briser son sort de solitude, rien que par des pages qui se tournent. Et il faut avouer que c'est rare de se sentir aussi nécessaire et essentiel à un personnage.

    Actes Sud, 346 pages

     

  • Le Groupe de Jean-Philippe Blondel

    Le Groupe

    de

    Jean-Philippe Blondel

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    "Avant cette année, je n'avais jamais mêlé mes deux professions-enseignant et romancier. Elles étaient deux tenues différentes que j'enfilais au moment opportun. Je pensais qu'il était impossible de les cumuler. Et puis en octobre dernier, un soir, alors que ma collègue de philosophie, Marion Grand, et moi prenions un café dans la salle des profs, après une journée particulièrement éprouvante, elle m'a demandé pourquoi je n'avais jamais organisé d'atelier d'écriture ici, dans cet établissement dans lequel j'enseigne depuis vingt ans"

    Suite à la demande de Marion Grand, sa collègue de philosophie, François Roussel, à la fois enseignant et écrivain, se retrouve à animer un atelier d'écriture avec quelques terminales volontaires. Ainsi, durant cinq mois, deux professeurs et dix élèves vont se réunir une heure par semaine dans une salle pour écrire. Au fil de ces séances pas comme les autres, des liens se nouent, des masques tombent...et une sorte d'intimité se crée entre ces personnes jusqu'alors inconnues.

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    J'attends toujours avec plaisir une nouvelle parution de Jean-Philippe Blondel et j'ai été particulièrement ravie de le retrouver avec ce titre autour d'un sujet qui m'interpelle. Je n'ai encore jamais assisté à un atelier d'écriture et j'hésite à franchir le pas. Alors, forcément, quand un roman s'attarde sur une telle expérience, je suis intéressée.

    Pour parler de ce groupe, l'auteur reprend un schéma narratif a priori classique. En effet, il déroule les ateliers d'un point de vue chronologique. Mais ce qui fait la force de son récit, c'est la multiplication des points de vue, à la fois par les changements de narrateurs et par l'introduction des produits de ces rencontres. Des textes s'intercalent donc à cette histoire et nous permettent de mieux comprendre les personnalités de chacun et de mieux cerner aussi ce qui va les lier lors de ces mois.

    "On a tous été très secoués. Par toutes les histoires. Les fausses. Les vraies. C'est comme si nous avions été projetés à l'intérieur d'un film très réaliste."

    Comme vous vous en doutez, j'ai beaucoup aimé cette construction et cette approche progressive de la psyché des héros. Chacun apporte sa pierre à l'édifice de ce groupe et aucun ne se démarque des autres. Ce qui conforte cette idée d'unité proclamée par le titre.

    C'était un pari risqué de faire vivre et évoluer autant de "voix"différentes en si peu de pages. Mais Jean-Philippe Blondel se révèle à la hauteur de ce défi. Non seulement chacun des monologues a son identité mais il en va de même de chacun des textes proposés dans l'atelier.

    De plus, j'ai apprécié la mise en abyme entre sa situation et celle vécue par son double, François Roussel.  Et ce traitement de la peur de la panne, propre à tout écrivain.

    Bref, vous l'aurez compris: si vous souhaitez comme moi participer à un atelier d'écriture ou si vous aimez les histoires à la fois humanistes et sensibles, ce roman est pour vous! Ne serait-ce que pour le plaisir de découvrir la petite musique de son auteur.

    "Des vers luisants. Voilà. Ils sont mes vers luisants. Ceux qui éclairent par intermittence le cimetière de ma mémoire."

    Actes Sud Junior, 2017, 125 pages

  • Chez moi de Davide Cali et Sébastien Mourrain

    Chez moi

    de

    Davide Cali

    illustré par Sébastien Mourrain

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    "J'ai toujours eu du mal à considérer un lieu, une ville, une maison comme mon "chez-moi". Mais tout le monde a besoin d'avoir un "chez-soi", non?"

    De la maison de son enfance à la capitale, de New York à une cabane de pêcheurs, on suit les différents "chez-soi"qui ont peuplé la vie du narrateur.

    "Parfois, on a besoin de faire le tour du monde, simplement pour revenir au point d'où on est parti"

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    Dans cet album, Davide Cali trace le portrait d'un artiste qui peine à trouver son "chez-soi". Au fil des années, il déménage ainsi de lieu en lieu, perpétuellement insatisfait. Jusqu'au jour où, peut-être, il trouve enfin un sens au mot "chez-moi". Pour combien de temps...nul ne le sait!

    On suit avec beaucoup d'intérêt cette quête d'identité, cette redéfinition incessante des envies, ce besoin de s'ancrer quelque part et d'utiliser cette expression toute simple "chez-moi". Un "chez moi" dont la définition se fait autre selon l'âge qui passe, selon les expériences, selon les rencontres.

    Forcément, cet ouvrage résonne en nous adultes, nous interroge sur notre vie, sur nos choix. Avec une infinie poésie.

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    A chaque nouvelle destination, on marque une pause à l'aide d'une double-page d'illustrations qui nous permet de mieux saisir ce nouveau foyer du narrateur. C'est là d'ailleurs que le travail de Sébastien Mourrain revêt toute son importance. Il remplit les blancs laissés par Davide Cali dans son texte et nous permet, avec ses dessins tout en finesse et en sobriété, de mieux capter l'environnement de notre héros.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup aimé cet album, à la fois poétique et porteur de sens. Et je ne pourrais que le conseiller à tous.

    Actes Sud, 2016